samedi, septembre 30, 2006

Bréviaire, choses à dire ou surtout pas...

Septembre, mois de la rentrée et son lot de nouveaux fumeurs débutants (dont je me réclame tous les ans). Diantre, j' ai failli vous oublier alors que j' ai bossé tout l' été pour vous, pour nous épargner le ridicule, les embûches, et vous faciliter la vie.

Fin Septembre donc, un peu à la bourre, alors on va oublier le cours magistral et potasser deux ou trois fiches Bristol de ce qu' il faut dire, ou surtout pas, si vous croisez par malheur un fumeur expérimenté qui ne manquera pas, sous prétexte d' échange entre gentlemen, de vous mettre la pâtée...


Choses à dire :

- "bien rempli, cape peu nervurée mais bien grasse, proportions idéales, ce cigare me plait bien, il a de la prestance, assurémment pas une vitole de touriste !" (90% des cigares sont comme ça, c' est donc quasi imparable).

- "fumée riche en mâche, de densité moyenne +, aromatique, sur un fond boisé/terreux évoluant vers les épices". On dira que c' est la base à marteler mais vous pouvez remplacer la terre par le cuir. Si vous ne vous sentez pas suffisamment à l' aise, compliquez la phrase. Partant du principe que plus on semble érudit, moins on ose vous contester, utilisez des trucs que personne ne connait : noix du Brésil, cuir type selle d' équitation, ventre de lièvre... Le type vous écoutera médusé, les yeux plein d' admiration et d' envie...

- "vous savez, entre épicuriens, on se comprend, n' est ce pas?". L' épicurien est au monde du cigare ce que le libertin est à l' univers du sexe, LE connaisseur, le fin gourmet, la fine fleur qui ignore factures de gaz ou de téléphone, frigo à remplir chez Auchan, voiture à emmener chez le garagiste, ou pelouse à tondre chez belle maman. L' épicurien ne fréquente pas le monde du vulgaire bassement matériel, et ne répond surtout pas à vos questions parce qu' il ne les comprend pas, lui jouit là où vous vivottez; il se contemple donc ne vous voit pas.

- "un cigare qui a vieilli, c' est vraiment autre chose que le tout venant. Je ne jure que par le vintage". Là, normalement, on vous fiche une paix royale, vous faites partie du dernier carré. Si toutefois on tente de vous coincer en vous demandant combien de temps vous laissez vieillir telle ou telle vitole car toutes ne supportent pas la même durée, répondez simplement "à mon goût, vous savez, le cigare est tout sauf une affaire de chiffre". Dossier clos.

- "moi, je me considère comme un éternel débutant, je chasse l' émotion, pas l' érudition". Ca coupe l' herbe sous le pied au petit malin qui voudrait vous coincer en vous démasquant, nouveau fumeur inculte que vous êtes encore.

- "c' etait mieux avant". Un incontournable, qui ne s' applique pas d' ailleurs qu' au cigare mais à tout. Si on vous demande d' être plus précis, prétextez que vous partez aux toilettes, ou que vous allez chercher un verre.

- "je suis comme Dutronc, les cigares je les fume, j' en parle peu". Je la sors souvent, c' est un fumeur connu et charismatique, une icone, personne n' aura l' audace de vous contredire. On acquiescera d' un signe de tête respectueux et craintif.


Choses à ne surtout pas dire :

- "j' aime bien les Montecristo, surtout le n° 4". Vous êtes grillé ! C' est le cigare le plus vendu au monde, celui des pousse-mégots, du tout venant, bref des newbies ou de ceux qui n' y connaissent queue de cerise.

- "les cubains, j' aime bien mais c' est un peu fort, je préfère le Honduras, ou Saint Domingue". A la rigueur, contentez vous de dire que vous vous aventurez parfois en terre non cubaine, ça donnera de vous l' image d' un amateur curieux, polyvalent, friand de diversité, mais n' oubliez pas que Cuba domine en france 80% du marché. Si vous n' êtes pas capable d' encaisser à jeùn un Lusitanias au p'tit dej' sans virer au vert, autant remballer tout de suite, vous resterez un bleu.

- "Cohiba, c' est pas mal mais c' est cher, non?" On ne parle jamais d' argent ou de moyens entre amateurs. On a de l' argent mais on n' en parle pas, ou on n' en a pas, auquel cas on n' en parle pas non plus, ça gâche l' ambiance. Le cigare est affaire de goût, pas de sous.

- "ah bon, je ne trouve pas". On ne provoque pas un fumeur chevronné, le contrarier vous attirerait son courroux et vous mettrait en position délicate, piquant son égo. Vous pouvez penser le contraire, pas le dire. Nous sommes une grande famille.

- "bien le fagot de 25... à 1€90 le cigare". Silence malheureux ! Ca se fume chez soi, en douce, en solitaire, et n' allez pas en faire en plus un compte rendu de dégustation, sinon c' est mort. Dites plutôt "je l' ai acheté pour tapisser le fond de ma cave" d' un air méprisant teinté d' humour, ça fera rire, vous verrez.

- "je me pose des questions sur la loi anti-tabac". Quelles questions?! Ce sont des fascistes, des empêcheurs de fumer en rond, nous sommes les derniers résistants, rien à foutre des non fumeurs, c' est eux ou nous ! Vive la liberté ! Ceci devrait vous faire remporter tous les suffrages.


Voila, c' est succint mais tous terrains. Avec ces petites fiches à apprendre par coeur, vous devriez éviter les écueuils et vous en sortir à peu près. Avec le temps et l' expérience, on fignole, on affine, on s' aiguise bref on apprend à chapitrer avec autorité sans souffrir de contestation

Si l' exercice vous semble encore trop périlleux, achetez un double co, et fumez le en le gardant en bouche, ça permet de faire semblant d' écouter son interlocuteur sans avoir à répondre au feu des questions.

Il vous en prie.

Bien à vous.

samedi, septembre 23, 2006

Toscano Extra Vecchio, le puro italiano

Photobucket


Enfin ! Après des mois de fantasme, et des semaines de recherche, un civettier bien avisé (Le Duguesclin à Rennes) a réussi à me trouver ce cigare eastwoodien que je convoitais tant. Je dois dire que le billet de l' élève moreau, fort bien rédigé, m' avait titillé le palais (http://minilien.fr/a0k5ko/).

Vendu en pack de 5, mais les cigares pouvant se casser en deux (sic !), j' ai jeté mon dévolu sur l' extra vecchio, à savoir l' extra vieux, une des rolls de la marque italienne. Oté de son céllophane, le cigare est jouflu au milieu, fin aux extrémités, dur comme du bois, sec, et dégage une forte odeur de bois fumé. La cape est très foncée, très nervurée, et de petits bouts de feuille s' en détachent. Hum... Fébrilement, j' ôte la bague et décide de le casser en deux (cf photo), la taille impressionne moins, ou tout du moins me rassure, et je mets le feu à la bête.

En bouche, pas de doute, vous êtes bien dans un western de Sergio Leone et vous vous surprenez à plisser des yeux un pancho sur le dos en vous prenant pour Blondin. Quid du goût ? Piquante au départ, la fumée est ample, généreuse mais courte en bouche, calée dans un registre très boisé tendance feu de broussailles. Difficile de parler de tiers ou même de moitié, on sait juste qu' on avance dans la dégustation, pourtant limitée à une demie heure, au fur et à mesure que la barbe vous pousse. En fin de fumage, viennent des notes de réglisse pour nuancer un peu le tout.

Etrangement, j' ai lu ici et là que ça puait horriblement, et je ne trouve pas, ou alors j' ai perdu mon odorat, ce qui est bien possible. Par contre, des plaques blanches apparaissent sur la cape au fur et à mesure qu' elle brûle, amusant.

Un cigare d' homme, rugueux comme un cactus, aride comme le désert, qui cogne comme le mescal, un cigare de l' amitié qu' on casse en deux pour offrir à un compagnon de route, ou à un type qu' on voudrait assommer sans avoir à cogner pour peu qu' il ait oublié de manger avant et de boire pendant. Autres avantages appréciables, pas besoin de le conserver dans sa cave, et on peut le tenir fermement entre les dents sans avoir peur d' abimer la cape, indestructible.

A fumer de temps à autres pour se rapprocher de la Toscane à moindre frais.

samedi, septembre 09, 2006

4ème billet d' humeur

Il sera court et pour une fois 1er degré.

6870...

C' est le nombre de visiteurs qui sont passés depuis que j' ai mis un compteur sur le blog il y a quelques mois. J' ai hésité avant de le faire, de crainte qu' au bout de six mois, il n' affiche que deux pékins égarés et tombés ici par erreur. Et puis je me suis dit :"m' en fous, je mets ma fierté de côté, si personne ne passe, je pourrai toujours gonfler les stats en me connectant 150 fois dans la journée !"

6870 ! Alors que je n' en fais la promotion nulle part, et que le sujet ne touche pas un coeur de cible très large, ça fait plaisir, d' autant plus que certains d' entre vous usent des comments pour laisser un petit mot, c' est toujours sympa à lire.

C' est donc un billet de bonne humeur, beaucoup moins brillant que les autres parce que je suis réellement bon quand je suis foncièrement mauvais, que je ponds péniblement mais sincèrement.

Merci à vous.

Breizh Atao !

P.S : une parenthèse cependant; si vous êtes de droite, anti-castriste, lecteur de Cigares & Sensations, adultèrin, pro_Schumacher, friand de Bundle Selection, contrôleur de bus et/ou pas fan de mojitos, je vous enlève de mes statistiques !

(Merde, je perds 80 % de mes lecteurs...)

Du coup, pour nos amis belges parfois malmenés, une théorie farfelue mais pas ininteressante à lire :

http://web.mac.com/michelhouellebecq/iWeb/Site/Blog/98DE4722-DF1A-40D0-8A87-C8E86D1CB353.html